J’aime dire qu’Histoire Caraïbe, c’est plus qu’une page.

Si quand je l’ai créé en 2019, j’avais pour objectif de mettre en lumière toutes ces archives sur nos ancêtres, j’étais loin d’imaginer que ça pouvait être aussi un endroit où je pouvais faire des rencontres inattendues.

D’une toute petite section de la commune de Morne-à-l’eau en Guadeloupe qu’est Lasserre, à Paris dans l’hexagone, et plus encore, sur le digital qu’est aujourd’hui. J’étais loin d’imaginer que j’allais autant pouvoir échanger avec ceux dont les ancêtres ont côtoyé mes propres ancêtres.

C’est comme cela que je découvre que notre portrait du jour, était originaire de la même commune, de la même petite section que ma famille paternelle en Guadeloupe. Je découvre aussi que nous avions des expériences en commun, dont celui d’avoir passé des vacances au pays, au même endroit, à la même période et souvent à deux pas l’une de l’autre.

Oui le digital fait des miracles ! et c’est ce qui m’amène aujourd’hui à vous exposer mon entretien avec la caribéenne du jour.

Bonjour Aurélie, merci d’avoir accepté cet échange. Qui es-tu ?

Bonjour Andie, je suis Aurélie PHAETON-ROSAN, professionnellement, j’ai une double casquette au quotidien.

Je suis responsable des admissions dans l’enseignement supérieur et je suis aussi agent d’artiste dans le milieu afro-caribéen. Deux univers totalement différents, mais qui nourrit mon épanouissement professionnel.

Je suis née à Pontoise dans le département du Val d’Oise et je suis originaire d’un très bel archipel qui se nomme LA GUADELOUPE !

Tu es agent artistique, parles-nous de ton métier ?

Je vais d’abord te parler de ma première casquette.

Je travaille depuis près de 10 ans dans le secteur de l’enseignement supérieur. J’ai la charge d’accompagner les candidats et futurs étudiants dans leurs processus d’admissions afin qu’ils intègrent les écoles de commerce. Ma volonté d’agir dans ce domaine est principalement liée au fait que l’éducation est un puissant facteur de changement. Aujourd’hui, c’est un pilier clé pour atteindre ses objectifs, offrant des opportunités d’apprentissage, de croissance et d’épanouissement personnel.

Ma première casquette nourrit la seconde ! Je mets à profit toutes les compétences acquises dans l’enseignement supérieur pour exercer en tant qu’agent d’artiste dans le milieu afro-caribéen.

J’ai également eu l’occasion d’accompagner et de représenter quelques Miss Guadeloupe telles que Ophély MÉZINO ou Morgane THÉRÉSINE sur certaines opérations. Avec Ophély, ma mission était principalement de développer son image de marque et de lui trouver de nouveaux partenaires sur toutes ses aventures de Miss Guadeloupe, à son titre de Première Dauphine de Miss Monde et Miss World Europe.

Dans le domaine de la musique caribéenne, je suis l’attachée de production de Yoan, je m’occupe de sa communication, mais aussi de coordonner ses événements en concert Live.

Aujourd’hui, j’ai la chance de suivre les carrières d’Aïna Quach et d’autres profils d’artistes tels que des DJ. L’univers des DJ est un milieu particulièrement masculin et je suis ravie de représenter des femmes très talentueuses comme DJ Esthèle.

Quelle est ta journée type ?

La beauté des métiers que j’exerce fait que je n’ai pas de journée type ! Mais je peux te donner ma potion magique quotidienne :

  • Amour
  • Manger
  • Rire
  • Musique
  • Rigueur
  • Organisation

En tant qu’administratrice de l’entreprise Histoire Caraïbe, l’une de mes démarches est de comprendre l’ensemble des communautés sur nos territoires.

La Caraïbe est une région qui se compose donc de plusieurs peuples, du moins plusieurs groupes ethniques.

De quelle communauté descends-tu ?

Il est vrai que très souvent, on associe la population de la caraïbe française, a une seule et même communauté : la communauté noire descendante d’africains. Et le travail que tu produis sur Histoire Caraïbe est nécessaire, car je suis personnellement issue d’un métissage entre la communauté noire et la communauté indienne de Guadeloupe. So… THANKS YOU !

Aurélie et sa maman France-Lise PHAËTON 

On dit souvent que notre mémoire familiale est liée à nos ainés, donc nos parents, grands-parents, voir nos arrière-grands-parents.

Quels sont tes liens avec les ainés de ta famille ? As-tu eu le temps d’échanger sur leur histoire ? Et qu’as-tu appris auprès d’eux ?

Je suis très très proche de ma mère et de ma famille maternelle.

Lors des rassemblements familiaux, c’est un grand moment de partage : repas, souvenirs, anecdotes d’enfance sont aux cœurs de nos échanges. D’ailleurs voici de mémoire quelques petites anecdotes :

Comme beaucoup de patronymes guadeloupéens, les deux noms de famille que je porte sont d’origine bretonne. Ce sont des noms que les colons français ont introduis dans le paysage local, en s’installant en Guadeloupe à l’époque.

Phaëton, c’est aussi le nom d’une usine de voiture.

Quant à mon prénom, c’est un hommage au fameux bateau l’Aurélie. C’est le premier qui a débarqué les premiers travailleurs engagés d’origine indienne en 1854 sur la terre guadeloupéenne.

Dessin qui représente l’arrivée à la Guadeloupe des coolies travailleurs engagés pour les Antilles françaises, et tirée du journal « L’illustration, » de l’année 1858 (archives départementale de la Guadeloupe)

L’arrière-grand-mère de ma mamie est arrivée d’Inde à l’âge de 14 ans, sans aucune famille, et son arrière-grand-père aurait été débarqué en Martinique.

Aurélie et sa grand-mère Émilie PHAËTON-MOUTOUSSAMY ⬇️

Aurélie et son arrière-grand-mère Violette Marthe KODADAY , dite man Lèlètte

Quel lien entretiens-tu avec la Guadeloupe ?

J’ai la chance d’avoir des parents qui pouvaient nous emmener souvent en Guadeloupe, donc assez jeune, j’ai découvert physiquement que mes ancêtres n’étaient pas des gaulois lol. J’allais détacher les bœufs, acheter des floups ou des bokits à la boutique, voir les matchs de l’Étoile de Morne-À-L’eau ou l’Olympic… Flâner à vélo à Lasserre avec les cousines et les cousins… j’ai découvert la vraie vie ! Et naturellement, adulte, j’ai continué à m’y rendre souvent pour passer du temps avec ma famille, dont ma mamie, et continuer à découvrir les trésors de ma région.

Aurélie et son grand-père Antoine Saturnin PHAËTON 

Dans la région Caraïbe, nous avons cette richesse d’être nombreux et proches, mais malheureusement, nous nous connaissons peu.

Quels sont les territoires que tu as déjà visités ?

J’ai visité l’île de Saint-Martin, la Martinique, la Guyane, les Bahamas, Cuba et le Mexique.

Je n’ai jamais eu la chance de me rendre en HAITI, mais c’est un pays qui a une très grande place dans mon cœur.

Mon père m’a bercé musicalement par de grands groupes comme Skah-Shah, Les frères Dejean, Djet-X, Tabou Combo, T Vice….

Ayant grandi en banlieue parisienne, j’avais aussi un environnement assez cosmopolitain donc mes amis haitïens m’ont vite initié culinairement à la soupe joumou, au riz djondjon, au pikliz et au griyo lol

D’ailleurs, tout cet amour pour cette belle population forte et fière a fait que je me suis engagée au sein de « LEAD BY EXAMPLE ». Une association qui a pour but de favoriser l’éducation des enfants en Haïti et de leur permettre d’être scolarisés, car le système éducatif est majoritairement payant. Une barrière parfois impossible à dépasser pour les plus démunis. Donc j’espère sincèrement un jour pouvoir m’y rendre.

Nous vivons des heures où chacun parle un peu à la place de l’autre, surtout en termes d’identité. Comment est-ce-que toi, femme, noire, d’origine antillaise, née et ayant grandi en France, tu définirais ta propre identité ?

Il y a une vingtaine d’année, il était vraiment difficile pour moi de répondre à cette question, car en Guadeloupe, j’ai longtemps été «Lily la vacancière de Paris». Mais avec le temps, j’ai compris que l’éducation de mes parents a toujours contribué à maintenir le lien entre l’hexagone et mon archipel.

J’ai la chance aussi de porter un nom qui depuis plusieurs décennies marque au fer le territoire, donc les enfants PHAËTON de ma génération, font tout pour continuer à honorer ce bel héritage, cette force et cette puissance qu’ils nous ont transmis.  

Et enfin, ma carte joker est que j’ai toujours été proche de mes amis originaires de cultures différentes de la mienne. Mes deux amies les plus proches sont originaires d’Afrique, l’une est originaire d’Algérie et l’autre du Gabon. Cette diversité a toujours été une grande richesse. La culture caribéenne est tellement puissante que l’une est mariée à un martiniquais et l’autre est dj afro-caribéenne !

Aujourd’hui, je me sens chanceuse, d’avoir eu cette culture cosmopolite et cette éducation caribéenne, mais je suis et je reste Guadeloupéenne à vie.

Une réponse à « Aurélie Phaëton l’agent artiste du monde afro-caribéen »

  1. félicitations pour ce reportage et aussi pour les photos familiales tatie jocelyne Gros bisous

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